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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 13:00

Dans une ville de montagne dominée par un gigantesque barrage, le même jour, plusieurs personnes d’âges et de milieux différents, tous désorientés, cherchent à rentrer chez eux. Ils ne savent pas encore qu’ils sont morts depuis plusieurs années, qu’ils n’ont pas vieilli et que personne ne les attend...

 

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Spoilers possibles - Librement inspiré du film - fascinant mais planplan - réalisé par Robin Campillo et sorti en 2004, la série de Canal + est, globalement, une réussite. On sent clairement qu'il a fallu hausser considérablement le niveau habituel des séries françaises et se faire violence pour arriver à obtenir un résultat plus que convenable. Car, si la réalisation est loin d'être mirobolante, elle est soignée et efficace. On n'en demandait guère plus et on ne s'attendait pas non plus à atteindre des sommets comme peuvent atteindre des séries comme Breaking Bad qui constitue, pour moi, l'une des meilleures - si ce n'est LA meilleure - de tous les temps. On pourra donc gloser des heures sur les différences entres les séries US et nos productions locales, force est de constater que jusqu'à l'ultime épisode de cette saison (car, malgré les doutes, il y aura bien une suite), on suit avec plaisir cette angoissante histoire de morts qui reviennent à la vie. Se démarquant totalement d'une série comme The Walking Dead (qui, elle, s'attaque de manière sans doute plus habituelle mais aussi plus frontale, à la thématique du mort-vivant), les Revenants joue la carte du mystère de ce retour inopiné en introduisant à chaque épisode l'histoire passée de chacun des personnages, mort ou vivant. Rien de neuf de ce côté-là mais ce concept permet au spectateur de reconstruire patiemment les histoires de chacun et de découvrir comment elles s'entremêlent. Le final, qui aurait peut-être nécessité un double épisode, culmine avec la confrontation des vivants et des morts même si celle-ci n'est pas ce à quoi le spectateur pouvait s'attendre. Et ça n'est pas plus mal, la saison suivante possédant ainsi son lot de questions auxquelles elle devra répondre... Côté épouvante, les plus fervents amateurs d'horreur viscérale risquent d'être déçus : à une ou deux exceptions près, la terreur se veut psychologique. Et puis, après tout, comme avec le film de Campillo, ce qui nous intéresse n'est pas vraiment l'aspect horrifique du retour des morts mais plutôt l'aspect social : que se passerait-il si une personne décédée revenait dans sa famille des années plus tard ? Et la réussite des Revenants se situe ici, plutôt que dans son aspect fantastique : quand Camille (excellente Yara Pilartz) revient, même si les années ont passé (3-4 ans), son retour, après le choc initial - et une fantastique idée scénaristique remarquablement amenée -, est acceptable. Quand Simon réapparaît dans la vie de la femme qu'il devait épouser et qui est aujourd'hui mariée et mère d'une petite fille, ça passe encore. Mais quand la femme d'un vieil homme revient dans l'état dans lequel elle était au moment de sa mort, alors que lui-même a pris 30 ans dans les dents, la vérité devient inacceptable. Et la force de cette série-évènement est de confronter tous ces personnages entre eux.

Tout irait donc dans le meilleur des mondes si les Revenants n'avait pas tendance, au détour d'un épisode, à quelques maladresses grossières... D'abord, il faut bien 3 épisodes pour que les comédiens, tous autant qu'ils sont, prennent la mesure de leur personnages. Car quand certains dialogues mal écrits ne viennent pas rigidifier leur jeu, il se laissent un peu aller à surjouer (Céline Sallette, qui finira cependant par affiner son interprétation du personnage  de Julie ou encore Samir Guesmi, qui a tendance à se limiter à deux expressions tout en froncements de sourcils), à jouer faux (Grégory Gadebois, le proprio du Lake Pub), de manière décalée (Jean-Francois Sivadier, complètement illuminé dès sa première apparition, ce qui a tendance à anihiler la surprise quant au devenir de son personnage) ou mécaniquement (Anne Consigny). Bref : le casting de la série est étonnamment disparate dans la tessiture des interprétations de chacun et ce n'est que tardivement que l'ensemble s'accorde. Et puis, il y a les soucis scénaristiques (on ne s'étonne pas de retrouver, entre autres, Emmanuel Carrère à l'écriture) : si Camille, dans les premiers épisodes a, semble-t-il, mis sens dessus-dessous la chambre de Lena, sa soeur, pourquoi, alors que sa mère en est témoin, cet épisode n'est-il pas utilisé par la suite et surtout, comment Lena ne s'en rend-elle pas compte ? Pourquoi la mère de Lena ne s'inquiète t-elle pas plus que ça de sa disparition de l'hôpital ? Comment Julie peut-elle garder Victor si longtemps chez elle sans être inquiétée par les flics alors même que son ex est au courant et finira par craquer ? Quand Thomas abat froidement Simon, comment accepter que ce meurtre passe comme une lettre à la Poste auprès de ses collègues ? Et quand la plupart des habitants commencent à voir les leurs revenir et alors que la situation tourne au vinaigre, comment croire que les autorités locales gardent sous silence l'arrivée d'une "horde" de revenants ?

On espère cependant que la saison à venir (quand ?) corrigera ces erreurs de jeunesse et permettra à la série de prendre de nouveaux risques comme on a pu le constater avec la réaction de nombreux téléspectateurs français frustrés par le dernier épisode, certes très ouvert mais appelant forcément une suite.

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